Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Pour la troisième année de suite, les investissements directs étrangers mondiaux sont en baisse en 2018, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. En cause : les tensions commerciales et le contrôle plus strict des investissements étrangers, et plus ponctuellement les réformes fiscales américaines de 2017. Les IDE devraient légèrement rebondir en 2019 dans les économies avancées.
• Les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux sont en baisse pour la troisième année consécutive.
Ils ont reculé de 13% en 2018, tombant à 1300 Mrds$, contre 1500 Mrds en 2017 selon le Rapport sur l’investissement dans le monde de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
- Les pays développés ont été les plus touchés avec une baisse de 25% des IDE (557 Mrds$ en 2018), qui retombent au niveau de 2004. Les investissements à destination de l’Europe ont chuté de moitié à 172 Mrds$. Cette contraction, selon la Cnuced, est largement due à la réforme fiscale adoptée en 2017 par l’administration Trump, qui a incité les multinationales américaines à rapatrier leurs bénéfices.
- Les flux à destination des pays en développement et émergents ont bien résisté (+2%), Ils ont représenté 54% des flux mondiaux, contre 46% en 2017 (et à peine plus d’un tiers avant la crise financière). Les IDE ont progressé de près de 4% en Asie qui reste la première destination mondiale (39% des IDE) et de 11% en Afrique. Ils reculent par contre de 6% en Amérique latine et de moitié en Russie.
- Les États-Unis restent le plus grand pays d’accueil des IDE (malgré un fléchissement de 9% des flux entrants), suivis par la Chine, Hong Kong et Singapour. En revanche, ils ne figurent pas dans la liste des 20 premiers investisseurs. Le Japon, désormais premier investisseur extérieur, est suivi par la Chine et la France.
• La croissance tendancielle des IDE mondiaux est anémique depuis 2008.
Les investissements directs n’ont progressé en moyenne que de 1% par an depuis 2008, contre 8% entre 2000 et 2007 et plus de 20% avant 2000. Cette tendance à la stagnation serait due à des facteurs tels que le ralentissement économique, la baisse des taux de rendement des IDE, ou le développement de formes d’investissement sans participation au capital (redevances, droits de licence, commerce des services). Le ralentissement des IDE est également dû à la hausse du contrôle des investissements étrangers: au moins 24 pays, pesant pour 56% des stocks d’investissements mondiaux, sont désormais dotés de mécanismes de ce type de contrôle.
• La Cnuced prévoit une légère reprise des IDE en 2019.
Les flux d’IDE vers les pays développés devraient repartir à la hausse en 2019 lorsque les effets des réformes fiscales américaines se seront estompés. Mais cette hausse devrait rester modeste, bridée par les risques géopolitiques et de guerre commerciale.
World Investment Report 2019 – Special Economic Zones
CNUCED, 12 juin 2019