Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Comment expliquer le déficit d’attractivité de la France pour la production automobile, et plus globalement pour les activités industrielles ? France Stratégie, après avoir mesuré l’influence des coûts de production et de la productivité sur la localisation de la production automobile, estime que les mesures fiscales récentes ou actées en faveur de la compétitivité des entreprises pourraient avoir un impact important sur la production et l’emploi du secteur en France.
La production automobile en France a beaucoup souffert de la concurrence mondiale depuis 20 ans. Selon une étude de France Stratégie, le nombre de personnes employées dans l’industrie automobile a été divisé par deux depuis l’an 2000, tandis que la production de voitures sur le sol français a baissé d’un-tiers. L’automobile est à l’origine de près de la moitié de la dégradation du solde des échanges de produits manufacturés depuis 2000 et son déclin, "explique une large part de la désindustrialisation" de la France.
France Stratégie analyse les déterminants du volume de production automobile dans 50 pays en 2017-2018, en s’appuyant à la fois sur un modèle théorique, une approche empirique et une procédure de simulation.
• Le coût du travail et la fiscalité sur la production et les sociétés, expliqueraient "quasiment l’intégralité" du déficit d’attractivité de la France vis-à-vis du Royaume-Uni, de l’Espagne, de la République tchèque ou du Mexique. Par rapport à l’Allemagne, au Japon et aux États-Unis, les économies d’échelle (baisse des coûts liée à de forts volumes de production) contribueraient davantage au déficit d’attractivité, mais le coût du travail ou la fiscalité restent pénalisants.
• Les mesures fiscales récentes pourraient avoir un fort impact sur la production et les emplois directs du secteur automobile.
La diminution du taux d’impôt sur les sociétés (de 33% en 2018 à 25% en 2022) et la baisse des impôts de production (de 3,4% à 2,1% de la valeur ajoutée du secteur automobile), se traduirait par une hausse de 20% de la production et la création de 16.000 des emplois dans l'automobile en France "au bout de quelques années". Le déficit commercial pourrait être divisé par trois. La diminution du taux d’impôt sur les sociétés contribuerait à plus des trois-quarts de ces effets.
• Scénarios d'alignement de la fiscalité françaises sur l’Allemagne: environ 10% de production supplémentaire par mesure
- Une réduction des impôts de production en France au niveau de l’Allemagne (de 3,3% à 0,1% de la valeur ajoutée) se traduirait par une production supplémentaire de l’ordre de 180.000 voitures particulières, soit 11% de la production de 2018.
- Une légère réduction du taux de l’impôt sur les sociétés (de 33% à 30%) entraînerait un gain de 90.000 véhicules environ – une estimation à considérer avec prudence.
- Une augmentation de la productivité des entreprises françaises au niveau de leurs concurrentes allemandes (soit +46%) se traduirait par une hausse d'environ 190.000 voitures (+12%) en tenant compte des économies d’échelle.
En conclusion, la note souligne que si l’innovation est un facteur déterminant de la compétitivité, elle peut aussi se traduire par des hausses de production à l’étranger contrairement à une politique de réduction des coûts de production domestiques, "élément clé de la compétitivité des pays".
Localisation de la production automobile : quels enseignements sur l’attractivité des pays et la compétitivité des entreprises ?
France Stratégie (Aymeric Lachaux)
Document de travail N°2021-04 (et note de synthèse), 15 septembre 2021
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