La Banque de France, dans son rapport sur la stabilité financière, examine la situation financière des grandes entreprises françaises cotées dans le contexte de la hausse des taux d’intérêt. Le poids du service de la dette devrait continuer de s’alourdir en 2024-2025 avec le refinancement progressif du stock de dette à des taux plus élevés. La situation de trésorerie est globalement solide mais inégale, sans parler des entreprises de plus petite taille.

Dans son rapport sur la stabilité financière, la Banque de France estime que les risques pour le système financier français restent stables par rapport à décembre 2023 "même si une dégradation de la conjoncture macroéconomique ou de l’environnement géopolitique ne peut être exclue" (l'analyse n'incluant pas la période de volatilité des marchés liée aux élections françaises).

Parmi les vulnérabilités identifiées par la Banque de France, les risques liés aux entreprises restent orientés à la hausse. Le nombre de défaillances continue d’augmenter et se rapproche de sa tendance de long terme.

Un chapitre est consacré à la situation financière des grandes entreprises cotées en Bourse face à des taux d'intérêt plus élevés.

Alors que la transmission de la politique monétaire aux entreprises "se poursuit de manière progressive", les coûts d’emprunts ont augmenté de manière inédite depuis l’été 2022. En France, la structure de financement à taux fixe et à maturité longue a protégé les entreprises de la hausse rapide des taux, mais elle les expose à une hausse du coût de l’endettement plus progressive et plus persistante. Le poids du service de la dette pourrait s’alourdir encore en 2024, "en raison du refinancement progressif du stock de dettes à des taux plus élevés".

Dans leur ensemble, les grandes entreprises semblent "résilientes" même si la hausse des coûts de remboursement de la dette peut peser de manière inégale sur les entreprises

- Le niveau de trésorerie relativement élevé des entreprises a permis d’amortir l’augmentation du poids du financement de la dette et de préserver leurs capacités de remboursement. (1)

- Les entreprises considérées comme vulnérables se financent à des taux plus élevés que les autres sur les marchés, mais bénéficient de conditions de financement stables sur les marchés obligataires.

- La baisse en cours du levier des entreprises (ralentissement du crédit bancaire et de la dette obligataire / hausse des capitaux propres) limite également leur exposition au risque de taux.

Les entreprises ayant un coussin de liquidités plus limité, ou ne pouvant pas répercuter la hausse de leurs coûts sur les prix de vente, sont plus vulnérables. Leur nombre a progressé en 2023. Il s'est rapproché de celui constaté fin 2019, mais il reste encore légèrement inférieur à celui la plupart des pays européens, à quelques exceptions près.

En 2024-2025, la part des grandes entreprises françaises exposées à une hausse des taux s’alourdirait légèrement. Cependant, même en cas de scénario plus défavorable (niveau toujours élevé des taux et conjoncture économique dégradée), leur niveau de vulnérabilité resterait contenu par des coussins de liquidité suffisants pour y faire face. Des projections à considérer avec prudence, car elles ne prennent pas en compte les réactions différentes des secteurs à un épisode de resserrement monétaire.

(1) Toutes tailles confondues, les entreprises françaises connaissent cependant des difficultés croissantes qui peuvent peser sur leur capacité d’investissement et de remboursement de leurs dettes. Voir notre note Situation et défis de l’économie française du 27 juin 2024, pp. 6 et 12

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous.

Rapport sur la stabilité financière - Évaluation des risques du système financier français
Banque de France, 24 juin 2024