Les prévisions de déficit budgétaire en 2023 et en 2024 ont été fortement revues à la hausse depuis le projet de loi de finances 2023. Une note de la Direction générale du Trésor explique les facteurs qui ont contribué à cette dégradation du solde public. Les écarts de prévisions proviennent principalement des recettes de prélèvements obligatoires moindres qu’attendu (notamment de TVA et d’impôt sur les sociétés en 2024), et des dépenses plus élevées que prévu des collectivités locales.

Alors que l’Assemblée nationale poursuit ses auditions dans le cadre de son enquête sur les variations et les écarts des prévisions fiscales et budgétaires 2023-2024, une note de la Direction générale du Trésor identifie les facteurs ayant contribué à la forte dégradation du déficit public en 2023 et 2024 par rapport aux prévisions.

Contexte incertain

La Direction du Trésor rappelle que les prévisions économiques et de finances publiques pour 2023 et 2024 ont été réalisées dans un contexte "particulièrement incertain", marqué par une forte volatilité des prix de l’énergie, une inflation "historiquement élevée" et un durcissement de la politique monétaire. Du point de vue méthodologique, le passage en "base 2020" de la comptabilité nationale a aussi légèrement fait évoluer les grands agrégats de finances publiques et contribué à l’écart de prévisions de déficit public sur l’année 2023.

Importantes révisions de déficit public en 2023 et 2024

Le déficit public 2023 s’est établi à -5,5% du PIB (–5,3% sans l’effet du changement de base), contre une prévision de -4,9% retenue à l'automne 2023 dans la loi de programmation des finances publiques pour 2023-2027.

Pour 2024, les dernières prévisions de déficit public (dans le programme budgétaire et structurel à moyen terme publié le 23 octobre) s'élèvent à –6,1% du PIB, en nette dégradation par rapport à la prévision de –4,4% à l'automne 2023 (PLF 2024), révisée à –5,1% en avril 2024 (programme de stabilité).

"Conjonction de facteurs défavorables"

En 2023, l'écart porte principalement sur les prélèvements obligatoires (PO), dont le niveau constaté en 2023 est ressorti en moins-values de près de –21 Mds€ par rapport aux prévision du PLF 2024. Une moins-value due principalement à la faiblesse de l’évolution spontanée (hors mesures nouvelles) des PO (+2,6% contre +4,0% au PLF 2024), suite à la dégradation du contexte macroéconomique en fin d’année. Par ailleurs, si la dépense publique a été moins dynamique que prévu, cela n’a pas été le cas des dépenses des collectivités locales, qui ont progressé de 7,1% (contre 5,7% dans le PLF 2024), soit +4 Mds€.

En 2024, les recettes de PO ont été fortement réévaluées "en raison des surprises relatives à 2023, amplifiées par les mécaniques retardées de l'impôt sur les sociétés et de l'impôt sur le revenu". Elles ont également pâti d'une croissance de l'activité en valeur plus faible que prévu (+3,5% au PLF 2025 contre +4,0% au PLF 2024), ce qui a induit une révision des recettes de PO de –7,2 Mds€. Ont également contribué à la dégradation du solde public : les prévisions de TVA et d’impôts sur les sociétés révisées à la baisse (respectivement –11,3 Mds€ et –2,2 Mds€) et la dépense des collectivités locales, fortement revue à la hausse entre le PLF 2024 et le PLF 2025 (+13,4 Mds€), tout comme dans une moindre mesure les prévisions de dépenses sociales.

Synthèse par la Doc de Rexecode, document accessible par le lien ci-dessous

Retour sur les prévisions de finances publiques pour les années 2023 et 2024

Direction générale du Trésor - Loïc JANIN, Christophe TOUSSAINT, Trésor-Eco N°356, 20 janvier 2025

Voir aussi :

Mise à jour des perspectives de l'économie mondiale : Une croissance mondiale hétérogène et incertaine

Fonds Monétaire International – World Economic Outlook Update, janvier 2025

Selon le FMI, la croissance économique mondiale devrait s’établir à 3,3 % en 2025 comme en 2026, "un niveau inférieur à sa moyenne historique (3,7 % sur la période 2000–19)". En France, la croissance du PIB est révisée à la baisse en 2025 (+0,8%) comme en 2026 (+1,1%), soit respectivement -0,3% et -0,2% par rapport aux prévisions d’octobre).