Allianz Trade propose dans une note publiée le 4 août une première estimation du coût économique de la vague de chaleur survenue en juin-juillet 2023, pour six pays dont la France, en prenant en compte les pertes directes et indirectes. Le bilan de cette canicule serait équivalent à une perte de près de 0,6 point de pourcentage du PIB mondial pour 2023. Un coût important qui met en évidence le poids économique du risque climatique.

Allianz Trade propose une première estimation du coût économique de la canicule en juin et juillet 2023 pour les États-Unis, l’Europe du Sud (Grèce, Espagne, Italie et France) et la Chine. Cette évaluation prend en compte les conséquences directes liées aux catastrophes naturelles (dommages aux infrastructures, pertes humaines) ainsi que les pertes macroéconomiques ou indirectes (conséquences de la destruction d’infrastructures ou d’entreprises sur la production, pertes de productivité).

Les pertes macroéconomiques nettes sont globalement négatives. Elles sont plus lourdes pour les économies à faible revenu, plus petites et/ou moins diversifiées.

Les grandes économies industrialisées sont mieux à même de faire face aux chocs de production, par des mesures budgétaires ou en déplaçant la production par exemple, et la perte d’infrastructures n’y affecte que légèrement, et plutôt à long terme, le PIB. Les mesures de soutien peuvent même à court terme générer un phénomène de "destruction productive", donnant "l'impression que les catastrophes naturelles ont - temporairement - un impact positif sur la croissance économique".

L’analyse prend en compte la baisse de la productivité du travail due aux températures extrêmes (supérieures à 32°C). Selon la littérature, la productivité diminue d'environ 40% à 32°C, et chute même des deux tiers au-delà de 38°C. Là encore, les conséquences sont plus prononcées dans les pays pauvres, souvent plus exposés (Afrique, Asie du Sud) et vulnérables (qualité des bâtiments, climatisation).

Allianz Trade estime que la Chine, l'Espagne et la Grèce pourraient avoir perdu près d'un point de PIB du fait de la canicule en 2023, l'Italie près d'un demi-point et les États-Unis un tiers de point. La perte subie par la France est négligeable (0,1 point). "Au total, en pondérant le PIB mondial, le bilan de la vague de chaleur est proche de 0,6 point de PIB pour 2023". Un coût important qui met en évidence le poids du risque climatique.

Global boiling: Heatwave may have cost 0.6pp of GDP
Ludovic Subran, Markus Zimmer, Jasmin Gröschi
ALLIANZ TRADE, août 2023

Voir aussi sur le sujet de la transition énergétique et climatique :

Les conséquences macroéconomiques de la transition vers une économie bas carbone
BANQUE CENTRALE EUROPEENNE – Bulletin économique N.5, août 2023

L’article évalue l’impact macroéconomique pour la zone euro d’une trajectoire de prix de carbone plus élevés en soutien d'une transition accélérée vers une économie bas carbone. Après un point sur la situation de la zone euro au regard de ses objectifs de transition vers la neutralité carbone, il décrit les canaux de propagation des prix plus élevés des émissions de carbone à l’économie, les modèles utilisés, puis le scénario des prix du CO2.

The global green subsidy race : How is it reshaping climate policy and geopolitics?
ECONOMIST INTELLIGENCE UNIT, août 2023

L'Inflation Reduction Act (IRA) adoptée par les Etats-Unis en 2022 a marqué un tournant dans le mode de financement de la transition écologique, en promettant d'importantes subventions à l'industrie verte. L'EIU étudie la manière dont la course aux subventions remodèle la politique climatique et la géopolitique, et en évalue l'impact sur les progrès de la transition énergétique. Elle compare les subventions vertes des pays occidentaux, évalue la sécurité de la chaîne d'approvisionnement de l'industrie verte et revient sur les défis des subventions vertes dans l'accélération de la transition.

Greenflation : à quel point la transition énergétique est-elle inflationniste ?
BNP-PARIBAS - Eco Flash N.23-07, juillet 2023

La greenflation (ou inflation verte) désigne le plus souvent l’inflation liée aux politiques publiques et privées mises en place dans le cadre de la transition écologique. La pression sur les prix viendra (1) des investissements massifs et coûteux qui renchériront le coût marginal de chaque unité produite à court terme ; (2) de l'utilisation de matériaux plus rares donc plus chers ; de la nécessité de jouer sur le signal prix - renchérir le prix des énergies fossiles par une taxe carbone et les marchés de quotas d’émissions (prix explicite) ainsi que par la réglementation (prix implicite). La transition énergétique peut avoir aussi des effets macro-économiques indirects sur l’inflation, à la hausse comme à la baisse. A court terme, ces effets seraient surtout inflationnistes tandis qu’à moyen-long terme, les effets désinflationnistes du soutien de l’offre et des gains de productivité pourraient prendre plus d’importance.