Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon une étude de Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo, la sensibilité de l'emploi peu qualifié au coût du travail en France est sous-estimée. Au vu de l'expérience du dispositif "zéros charges" ils plaident pour que les allègements de charges soient ciblés "massivement" sur les bas salaires.
Une étude de Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo publiée par l'Institut Montaigne montre que l'emploi peu qualifié est très sensible au coût du travail en France. L'étude s'appuie notamment sur une évaluation du dispositif "zéro charges", mis en place entre décembre 2008 et décembre 2009 dans les entreprises de moins de 10 salariés.
Le dispositif "zéro charges" consistait à exonérer de cotisations patronales les embauches au niveau du SMIC (ce qui réduit le coût du travail de 12% à ce niveau de salaire) avec un effet dégressif jusqu'à 1,6 SMIC. La comparaison de l'évolution de l'emploi dans les entreprises concernées par le dispositif et dans celles de 10 à 13 salariés montre un impact fort et rapide sur l’emploi. Ainsi, la diminution de 1% du coût du travail aurait entraîné un accroissement de 2% de l’emploi au bout d’un an.
Selon l'étude, 10 milliards d’allègements de charges ciblés sur les bas salaires pourrait créer jusqu’à 800 000 emplois (10 milliards divisés par l'estimation du coût d'un emploi créé par le dispositif "zéro charges"). Selon les auteurs, une baisse du coût du travail appliquée à tous les salaires se traduirait essentiellement par des hausses de salaire et peu de créations d’emploi. P. Cahuc et S. Carcillo estiment donc que, dans le cadre du pacte de responsabilité, "les réductions de charges sur le coût du travail doivent être ciblées massivement sur les bas salaires, à proximité du SMIC, pour créer des emplois et réduire significativement le chômage".
Alléger le coût du travail pour augmenter l'emploi : les clés de la réussite, Institut Montaigne, Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo, mars 2014