Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le Président de la République a déclaré à la presse le 20 août, qu'il y aura "quoiqu'il arrive" des baisses d'impôt pour les ménages en 2016, dont l'ampleur dépendra de la croissance économique. Denis Ferrand a répondu aux questions du Figaro sur la faisabilité et la pertinence économique de cette annonce.
Si elle veut tenir ses engagements européens, non. La France a promis de ramener son déficit à 3,3% en 2016, et anticipe pour ce faire une croissance de 1,5% la même année. Le gouvernement ne peut se permettre de nouvelles baisses d'impôts qu'à la condition d'atteindre une croissance plus forte qu'annoncée. Or cette hypothèse est hautement improbable.
La croissance a été nulle au deuxième trimestre et les facteurs qui l'ont dopés au premier trimestre tendent à s'épuiser. Nous ne prévoyons qu'une croissance de 1,4% en 2016. La marge de manœuvre du gouvernement sera d'autant plus réduite que la faible inflation grignote les recettes fiscales. Sur la première partie de l'année 2015, les recettes de la TVA ont par exemple été bien moindres que prévu et sur l'année entière, le manque à gagner pourrait atteindre 3,6 milliards d'euros.
Le gouvernement n'a que deux options : accroître le déficit au détriment de ses engagements, ou baisser les dépenses publiques. Le déficit est déjà très élevé (4,4% en 2014). Il peut donc choisir de rogner davantage les dépenses publiques, mais là encore, le gouvernement a déjà beaucoup de mal atteindre l'objectif des 14,5 milliards d'euros de baisse des dépenses auquel il s'est engagé cette année. Aller plus loin sera difficile. Le risque serait par ailleurs de donner d'un côté pour reprendre de l'autre, par exemple baisser l'impôt sur le revenu des moins aisés mais réduire les prestations sociales. Il est cependant possible de toucher des publics différents.
A mon sens non. L'économie française pâtit surtout de la faiblesse de l'investissement des entreprises. La consommation des ménages, elle, est plutôt au rendez-vous. Baisser les impôts des ménages serait évidemment positif, mais l'effet sur leurs dépenses ne serait que transitoire. de l'économie française.
Le maillon faible de la croissance est bien plutôt la compétitivité. S'il y a un chantier à ouvrir, c'est celui de la fiscalité du capital, très lourde en France, qui handicape l'investissement des entreprises. L'enjeu est là.
Propos de Denis Ferrand recueillis par Marie Bartnik
article complet disponible sur le Figaro.fr