Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Ambitieux, l'objectif de réduction des dépenses publiques du Budget 2018 est encore peu documenté. Par contre, côté recettes, ce budget marque bien une rupture avec les exercices précédents et la réforme de la fiscalité du capital est une avancée essentielle. Pour autant, le Gouvernement ne devrait pas relâcher l'effort sur les prélèvements qui pèsent sur les coûts de production et sur la compétitivité.
Le budget 2018 est-il en rupture avec les pércédents ?
L'objectif de réduction des dépenses est certes ambitieux puisqu'il s'agit de réduire de 0,7 point le poids des dépenses publiques dans le PIB, soit une baisse de 16 mrds€ par rapport à une situation où les dépenses croîtraient au même rythme que le PIB. Cela signifie que les dépenses publiques en volume progresseraient de 0,4% en 2018, alors que les années précédentes la tendance était autour de 1% par an.
Mais nous ne disposons pour l'instant que de peu de détails. Les rares mesures d'économies suffisamment documentées ne semblent pas pouvoir compenser les multiples hausses de dépenses annoncées par ailleurs.
Pour ce qui concerne les recettes, ce projet de loi de finances marque un changement, notamment par une simplification importante de la fiscalité du capital avec l'instauration d'une "flat tax" de 30% sur les revenus du capital, la suppression d'une grande partie des niches et de l'ISF. Cette réforme va permettre à l'épargne de se diriger plus facilement vers des produits finançant les entreprises.
La baisse de la fiscalité sur le capital plutôt que sur le travail est-t-elle adaptée ?
C'est une réforme essentielle de ce budget. Le gouvernement semble par ailleurs considérer que ses prédécesseurs ont déjà fait le travail sur la baisse du coût du travail. Je ne crois pas que nous puissions en rester là. La compétitivité de la France continue de se dégrader et la fiscalité sur les entreprises reste plus lourde en France qu'ailleurs en Europe, notamment en Allemagne. Je pense donc qu'il faut poursuivre l'effort entrepris lors du quinquennat précédent en matière de baisses de prélèvements qui pèsent sur les coûts de production.
La reprise économique est bien là, l'importance des créations d'emplois le prouve. Donc c'est le moment propice pour faire des réformes. La France a un problème structurel : ses gains de productivité sont trop faibles. Notre compétitivité relative à celle de la zone euro s'est dégradée au cours des 15 dernières années. Cela se traduit par un déficit public, par un déficit de croissance et par un déficit d'emplois.
Propos recueillis par Guillaume de Calignon
L'intégralité de l'interview est disponible sur Les Echos.fr : Emmanuel Jessua : « Le risque est de ne pas tenir les objectifs de réduction des dépenses publiques » 27 septembre 2017