La France a enregistré un déficit commercial record en janvier. Ce mauvais résultat, en partie lié à des éléments circonstanciels, doit être relativisé. Surtout, il ne doit pas décourager l'effort de restauration de la compétitivité. Le basculement en négatif des services aux entreprises, traditionnellement excédentaires, est toutefois inquiétant.

• La compétitivité n'est-elle pas absente de la campagne présidentielle ?

Le débat est présent en toile de fond, notamment dans les programmes de François Fillon et d'Emmanuel Macron. Aucun des deux ne remet en cause les allégements de charges de l'exécutif actuel ni le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (Cice). En revanche, il existe une forme de désarroi chez les politiques et une partie de l'électorat au regard de l'absence de résultat immédiat de ce type de mesure en matière de compétitivité.

Rappelons l'objectif fixé fin 2012 par le Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault : avoir une balance commerciale des biens manufacturés à l'équilibre à la fin du quinquennat. On s'en est éloigné depuis avec, en 2016, un solde déficitaire de 36 milliards d'euros.

• Il n'y a pas eu d'amélioration de la compétitivité ?

La réduction du déficit commercial a été freinée récemment par des éléments circonstanciels : le prix des importations est en train de remonter, plus vite que celui des exportations. Ce qui s'explique par la hausse des prix du pétrole, ces derniers sont toutefois stabilisés depuis deux mois. Parallèlement, c'est vrai, les exportations ont connu une légère sous-performance au regard de la hausse de la demande adressée à l'Hexagone l'an passé et début 2017.

Si l'on s'arrête à ce constat, alors il n'y a pas d'amélioration de la compétitivité. Le déficit commercial des biens hors énergie s'est alourdi l'an passé même si une partie de la dégradation provient des mauvaises récoltes et début 2017 par un fort recul des livraisons d'Airbus. Et le solde des services aux entreprises, c'est-à-dire la comptabilité, le conseil ou les services informatiques, traditionnellement excédentaire, est désormais déficitaire. Il y a donc un déplacement de la zone de risque pour la France au-delà de la seule industrie. C'est maintenant le secteur des services qui est en danger, ce qui est inquiétant.

• Que faudrait-il faire ?

L'important est de ne pas relâcher l'effort. Dans les faits, il y a des indicateurs qui vont dans le bon sens. Le coût relatif du travail avec l'Allemagne a tendance à baisser, les marges des entreprises françaises ont grimpé ces trois dernières années et l'investissement dans l'industrie a augmenté de près de 5% l'an passé. Ce sera encore le cas en 2017. Une politique de l'offre met des années à produire ses fruits, comme le montre la désinflation compétitive des années 80. La patience est donc de mise. Il n'est toutefois pas certain que ce mot soit très audible en période électorale.

Propos recueillis par Guillaume de Calignon

Article du 8 mars 2017 disponible sur Les Echos.fr