Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans une tribune pour le Figaro, le président de Coe-Rexecode estime que la stratégie de réduction des dépenses publiques et des prélèvements peut réussir en France à condition d'être lisible, crédible, et de s'inscrire dans une réforme plus globale de la fiscalité et du marché du travail.
La stratégie du choc fiscal a conduit à une impasse. C'est pour en sortir que François Hollande a mis en scène au début de l'année une stratégie nouvelle, fondée cette fois sur la baisse des dépenses publiques. Des stratégies de cette nature, souvent plus globales, ont été mises en œuvre avec succès dans d'autres pays, par exemple en Suède dans les années 1990. La dépense publique, qui était alors l'une des plus élevées du monde, a été fortement réduite, les taux d'impôt ont été fortement baissés et la fiscalité du capital rendue incitative pour l'épargne et l'investissement. L'économie suédoise est repartie de l'avant. Elle affiche depuis 20 ans une croissance très supérieure à la nôtre. Une stratégie analogue peut aussi réussir en France. II faut pour cela raccrocher les "maillons manquants" de la politique économique.
Le premier maillon manquant est la crédibilité.
La crédibilité, cela veut dire que les acteurs économiques considèrent que ce qui est annoncé sera effectivement appliqué. Ce que l'on a pu observer jusqu'ici incite plutôt au scepticisme. Des économies de 15 milliards d'euros affichées pour 2014, dont le contenu concret est toujours imprécis. Un pari perdu sur la baisse du chômage, pari qui était au demeurant inutile car on sait que le chômage n'est pas directement dans la main du politique. Le gouvernement ne peut agir que sur les leviers sur lesquels il a une prise directe.
La réforme fiscale serait le deuxième maillon manquant si on n'en fait un levier de croissance.
II n'y aura de vraie reprise économique que par l’investissement. Or, les modalités du choc fiscal ont été un contresens pour l'investissement et la croissance. L"alignement" des barèmes d'imposition des revenus du capital et du travail était une erreur économique. Ajouter encore à cela une imposition à taux croissant sur le stock d’épargne (l’ISF) conduit à des prélèvements de plus de 100% du revenu du capital. Il est difficile d'imaginer un plus fort repoussoir de l'épargne productive.
Le troisième maillon manquant concerne le travail.
François Hollande a pris rapidement conscience du problème de compétitivité, en décidant le crédit d'impôt compétitivité emploi. II faut aller plus loin dans la baisse des coûts en diminuant les impôts sur la production, 65 milliards d'euros de plus que l'Allemagne actuellement. Mais il faut aussi que les coûts salariaux ne recommencent pas à dériver a l'avenir. Cela pourrait être un des enjeux du pacte de responsabilité, à condition de ne pas partir sur les malentendus entretenus par l’idée de "contreparties". Les arrangements concrets, voire des engagements, sur l'emploi, le salaire et la durée du travail n'ont de sens qu'au niveau de l'entreprise. II faut aussi changer le fonctionnement du marché du travail pour éviter d'avoir à la fois des travailleurs sans emploi et des emplois sans candidats.
Choc fiscal, choc de confiance, choc de simplification, pacte de stabilité, pacte de compétitivité, pacte de responsabilité. Comment s'y retrouver ? II est vrai que la politique, c'est d'abord des mots. Mais l'efficacité de la politique économique passe aussi par des actes et par un minimum d'adhésion. La multiplication des messages est tout le contraire de la pédagogie. Plusieurs enquêtes montrent que nombre de Français, notamment beaucoup de jeunes, se vivent sans projet collectif et sans avenir personnel. Espérons qu'il sortira des débats en cours une politique économique qui redonne espoir et croissance.
Le texte complet de cette tribune est disponible dans le Figaro du 3 mars 2014
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