Nous rassemblons ici les réactions d'éditorialistes et d'économistes au sujet de la nouvelle étude de Coe-Rexecode sur la coûteuse singularité de la fiscalité du capital en France et sa nécessaire réforme. Ouvrage disponible en librairie.
Jean-Marc Daniel, professeur d'économie à l'ESCP Europe et Christian Chavagneux, éditioraliste et critique à Alternatives économiques débattent de l'ouvrage de Michel Didier et Jean-François Ouvrard "L'impôt sur le capital au XXIe siècle". Emission animée par Emmanuel Lechypre
"Si le gouvernement mais aussi les leaders de l'opposition cherchent des idées pour rendre la France un peu plus compétitive, recommandons-leur la dernière étude de Coe-Rexecode. Ce think-tank libéral, dont les travaux font autorité, y décortique un sport national dans lequel gauche et droite excellent : l'imposition du capital."
"Au lieu de baisser uniformément l'impôt sur le revenu, ne faudrait-il pas mieux alléger les pans de la fiscalité qui font de la France un pays très singulier en Europe et dans le monde, à savoir la fiscalité du capital ? Quel serait l'intérêt d'une telle réforme, si la charge globale n'est pas allégée ? Elle éviterait la situation actuelle d'une très forte taxation des riches contribuables, les plus à même d'investir. Associé à cette réflexion, l'ancien haut fonctionnaire puis banquier Jean Peyrelevade le souligne : « plus vous êtes riche, plus le rendement du capital est faible », en raison de la fiscalité... Avant de proposer une taxation mondiale du capital, en 2013, Thomas Piketty avait suggéré, en 1997 [L'économie des inégalités, La découverte], une toute autre piste, ressemblant furieusement à celle mise en avant aujourd'hui : une « flat tax » - il utilisait le terme- s'appliquant elle aussi aux revenus et non à la détention d'un patrimoine."
L'institut Rexecode vient de publier un rapport qui relance le débat sur la taxation du capital en France, jugée selon lui trop élevée. Faut-il la réduire pour relancer la croissance ? L'analyse de Benjamin Masse-Stamberger, auteur du blog Basculements et de Franck Dedieu, rédacteur en chef adjoint de L'Expansion.
Au moment même ou les entreprises françaises avaient le plus besoin de capital frais pour faire face a la revolution digitale, acquerir des entreprises américaines grâce a un dollar faible, et reconstituer une base actionnariale tricolore, tout a été conçu pour décourager les détenteurs de capital.
"Le capital est certes un symbole de richesse et donc d'inégalité. Mais refuser son accroissement par l'épargne, puis son investissement, et ce au nom de considérations idéologiques vaseuses, c'est jeter la clef de la croissance....Vous voulez, messieurs les futurs candidats à l'élection présidentielle, lutter contre le chômage par l'obtention d'un taux de croissance plus élevé ? Il faut alors mettre à votre programme, comme un impératif, la réforme fiscale proposée par Michel Didier et Jean-François Ouvrard : à recettes totales inchangées, sans aucun transfert au détriment des revenus du travail, revenir à un taux forfaitaire d'imposition, de l'ordre de 30%, de l'ensemble des revenus du capital. Un double choc, à la fois de simplification et d'efficacité économique."
Dans son étude, Commerce extérieur : refuser le déclin, l’Institut Montaigne analyse les raisons du déficit commercial français et formule des propositions pour garantir des débouchés internationaux à nos entreprises... Réformer la fiscalité du capital, comme Coe-Rexecode en a récemment démontré la nécessité, permettrait aux entreprises de bénéficier de capitaux supplémentaires et ainsi de financer leurs projets de développement à l’international. Morgan Guérin et Grégoire Vanco
"Au chapitre de la fameuse exception culturelle française, on n'a guère coutume de citer la fiscalité. Et encore moins celle qui frappe le capital, à un niveau qui est aujourd'hui parmi les plus élevés d'Europe. C'est pourtant bien notre sempiternelle méfiance à l'égard de ce qui peut s'apparenter à de la richesse et notre idéalisation de l'égalité qui nous poussent à persister dans ce qui est un contresens économique.Car, pour Michel Didier et Jean-François Ouvrard, il n'y a guère de doute : si la France reste engluée dans une faible croissance et un chômage élevé, c'est parce que nos dirigeants politiques se sont évertués à décourager l'investissement en punissant ceux qui ont les moyens de le relancer."
"L'essaimage a pris le dessus sur une véritable stratégie fiscale", selon Olivier Passet directeur des synthèses économique chez Xerfi qui dresse le bilan des quinquennats Sarkozy et Hollande en matière d'imposition des ménages.
"C'est finalement la fiscalité du capital, déjà élevée en France qui a fait l'objet de tirs croisés, pour faire écho au récent rapport de Coe-Rexecode. Mais sans que soit véritablement prise en compte la question de la mobilité des bases, question cruciale pourtant.Résultat, la plupart des mesures censées viser le haut de la distribution a eu certes un résultat positif en termes de recettes, mais avec un rendement systématiquement en deçà des attentes. Ce sont les ménages les plus riches, mais n'appartenant pas à la catégorie des hyper-riches, autrement dit ceux qui recyclent leurs revenus sur le territoire sans avoir l'échelle de fortune leur permettant de jouer à plein l'optimisation qui se retrouvent en coeur de cible. Et une nouvelles fois, la fiscalité du capital bouge, sans que soit opéré un véritable distinguo entre ce qui est productif, et ce qui ne l'est pas."
"La puissance médiatique d'un Joseph Stiglitz, d'un Paul Krugman et le succès planétaire du livre de Thomas Piketty ont placé le thème au coeur de l'analyse économique. Les institutions internationales s'en sont saisies ... La fiscalité des riches fait débat... Il fallait donc s'attendre à la contre-attaque. Elle a désormais commencé.... Les armes intellectuelles sont en train d'être affûtées en ce sens, comme le montre l'ouvrage récent de deux experts, Michel Didier et Jean-François Ouvrard (L'impôt sur le capital au XXIe siècle. Une coûteuse singularité française, Economica). Le message du livre est limpide : les riches Français paient plus d'impôts que les riches des autres pays européens, en gros 25 milliards de trop qui doivent leur être rendu."
Nos économistes analysent la situation et les enjeux macroéconomiques en France et dans le monde. Recevez les publications selon vos centres d’intérêt.
Conjoncture et prévisions par pays, marchés. Politique économique, climatique…
Recevez nos analyses selon vos centres d’intérêt.
