Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon Emmanuel Jessua, "la courbe du chômage s’est incontestablement inversée" en France. En partie grâce aux efforts d'allègement de charges, mais surtout à deux mesures dont l'effet cessera d’ici fin 2017. Au-delà, la clé de la croissance et de l'emploi reste la restauration de la compétitivité.
La courbe du chômage s’est incontestablement inversée, que l’on prenne en compte le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité inscrits dans la catégorie A de Pôle emploi ou le chômage au sens du BIT mesuré directement par l’Insee auprès des ménages.(...)
Le recul du chômage est en partie imputable à des mesures de politiques économiques, dont certaines – le CICE et le pacte de responsabilité – sont souhaitables et pérennes et d’autres sont provisoires.
Il s’agit de la prime à l’embauche pour les PME dont l’effet a été évalué à 50.000 créations d’emplois environ et du plan de 500.000 formations supplémentaires qui a eu un effet direct sur les statistiques du chômage. Le nombre de chômeurs en formation a en effet augmenté d’environ 65.000 depuis le début d’année. Au total, les trois quarts de la baisse du chômage enregistrée depuis un an sont imputables à ces deux mesures qui cesseront de produire leurs effets d’ici à la fin de 2017.
Toute la question est de savoir si la dynamique sous-jacente de l’économie sera suffisante pour faire baisser le chômage en créant assez d’emplois pour compenser l’augmentation prévue de la population active. Il faudrait pour cela que les politiques d’allégements de charges soient poursuivies, car l’économie française souffre de l’érosion de sa compétitivité depuis le début des années 2000. La baisse du coût du travail liée à ces allégements de charge a déjà permis de redresser les marges des entreprises, qui ont recommencé à investir ces derniers mois.
Ces mesures doivent être prolongées par d’autres réformes, amorcées trop timidement par la loi travail. Le fonctionnement du marché du travail doit être plus dynamique, grâce notamment à une réforme qualitative de la formation professionnelle, dans laquelle les entreprises doivent être pleinement associées, et à la décentralisation des négociations sociales au niveau de l’entreprise. Une fois ces réformes accomplies, il faudrait que le prochain gouvernement donne des gages de stabilité aux entreprises sur leur environnement fiscal et réglementaire.
Le défi de la France est de pouvoir saisir à nouveau les ressorts de croissance externe grâce à ses exportations. Nous avons perdu des parts de marché à l’export depuis le début des années 2000. Les retrouver nous permettrait de restaurer sensiblement notre niveau de croissance et donc notre capacité à créer des emplois.
Propos recueillis par Emmanuelle Réju
Article complet disponible sur le site du journal La Croix :
Débats - Question du jour : le chômage va-t-il continuer à baisser ?
avec les réponses d'Emmanuel Jessua et Eric Heyer