Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
En France, les prix à la consommation progressent de 6,2% sur un an en février après 6,0% en janvier selon la première estimation de l'Insee. Quels facteurs expliquent cette persistance d'une inflation élevée en France et quelles sont les prévisions pour ces prochains mois ? Selon Denis Ferrand, l’évolution des prix à la consommation dépendra beaucoup de celles des produits alimentaires et des effets de diffusion du choc de prix aux services. Le choc de prix n’est en tout cas pas encore totalement amorti.
On s’est beaucoup focalisé sur le sujet sensible de l’énergie mais c’est désormais l’évolution des prix des produits alimentaires qui dicte davantage le rythme de l’inflation globale. En hausse de près de 15% en février, ces produits représentent 16% du panier de consommation, près du double de l’énergie.
On peut penser que le choc de prix sur les produits alimentaires continuera de se diffuser, sachant qu'en sortie d’usine, les prix de ces produits ont augmenté de 20% en janvier selon l’Insee. La négociation qui se déroule actuellement entre distributeurs et producteurs débouchera probablement sur des hausses plus importantes que l’an passé.
La hausse de prix des services a été plus forte qu'attendu (2,9% au lieu de 2,4% en février), sachant qu'ils représentent la moitié du panier de consommation. La hausse a surtout concerné les transports mais ces activités étant particulièrement sensibles à l’évolution des salaires, on devrait voir les effets des hausses de salaires se propager dans la durée.
Par contre, en répercussion du fléchissement des prix des matières premières, les prix des produits manufacturés (23% du panier) ralentissent et ont probablement touché un point haut. Sur l’énergie, une marche d’escalier a été franchie avec la hausse de 15% du prix de l’électricité en début d'année, mais en revanche il y a eu une baisse du prix du pétrole.
L’évolution futures des prix dépendra donc beaucoup de celles des produits alimentaires et des effets de diffusion du choc de prix aux services. Or, les anticipations de prix des chefs d’entreprise de ce secteur n’ont jamais été aussi hautes depuis que l’enquête existe (1988). Pour l’instant Rexecode retient un taux d'inflation d'environ 3,8% à 4% en glissement annuel en fin d’année 2023, mais on resterait au-dessus de 5% jusque fin juin. Le choc de prix n’est pas encore totalement amorti.
Denis Ferrand répondait aux questions de David Jacquot
Dans l'émission Ecorama du 28 févier 2023, à retrouver sur le site de Boursorama