Focus
Perspectives économiques à court terme
Pénalisée par un taux d'emploi relativement faible, en particulier chez les plus de 60 ans, la France travaille au total moins d’heures par habitant que la plupart des pays européens. C’est un enjeu majeur de niveau de vie. En s'alignant sur la moyenne européenne, voire sur l'Allemagne et la Suède, la France gagnerait jusqu'à 3 à 6% de PIB supplémentaire selon l'effet estimé sur la productivité. Le choix des leviers politiques (primes, coût du travail, retraite...), doit néanmoins tenir compte de l’impact sur les finances publiques.
Le taux d'emploi de la population âgée de 15 à 74 ans est de 59% en France, contre 61% en moyenne dans l'Union européenne et 68% en Allemagne. Cet écart représente un déficit de 800.000 emplois par rapport à la moyenne européenne, de 2,8 millions d'emploi par rapport à l’Allemagne, et même de 4 millions d'emplois en comparaison des pays nordiques.
Le déficit d'emploi est particulièrement marqué pour les seniors, l'écart à la moyenne européenne culminant à 12 points pour les 60-64 ans. L’écart est plus faible sur les 65 à 69 ans et sur les 70 à 74 ans.
Pour les jeunes (15-25 ans), la France se situe dans la moyenne européenne mais présente un déficit d'emploi et une part plus importante de NEETs (ni en emploi, ni en études, ni en formation) qu'en Europe du Nord. Sur le cœur de la population en âge de travailler, la France fait aussi beaucoup moins bien que l'Europe septentrionale.
Faire converger le taux d'emploi français sur la moyenne européenne ajouterait 800.000 emplois. Se hisser au niveau des pays d'Europe du Nord représenterait entre 2,8 et 4 millions d’emplois supplémentaires.
En raison notamment du faible taux d'emploi, le nombre d’heures travaillées par personne âgée de 15 à 74 ans en France est inférieur de 6 % à la moyenne européenne et de 9 % à l’Allemagne ou la Suède.
La France est aussi pénalisée par sa structure démographique, la part des personnes en âge de travailler y étant plus faible que la moyenne européenne, si bien qu'au total le nombre d'heures travaillées par habitant y est plus faible que dans la plupart des pays européens, hors Belgique.
Avec 673 heures travaillées par an et par habitant, la France se situe bien en deçà des 750 heures de la moyenne européenne, de la Suède (748) ou de l’Allemagne (776).
C’est un enjeu majeur pour le niveau de vie de la population, la quantité de travail étant un élément déterminant du volume de richesses produites par la Nation.
Compte tenu de la moindre productivité des heures additionnelles, aligner la quantité de travail des 15 à 74 ans en France sur les autres pays européens augmenterait le PIB de 3%. Le gain serait de 1% en prenant comme référence la Finlande et jusqu'à 5% en s'alignant sur l'Allemagne ou la Suède.
L’impact sur les finances publiques d’un surcroit de travail est néanmoins tributaire du levier actionné. En comparaison internationale, la France consacre une part plus importante de son PIB aux politiques de soutien à l’emploi (primes, allègements, etc.) pour un résultat relativement faible en termes de taux d’emploi. Par ailleurs, la durée du travail des personnes en emploi est à la fois stimulée (défiscalisation des heures supplémentaires) et bridée (surfiscalisation au-delà de 1,6 Smic).
Augmenter la quantité de travail est un objectif politique pertinent pour améliorer la richesse nationale mais tous les leviers ne présentent pas la même efficacité-coût.
Augmenter l’âge effectif de départ en retraite constitue le levier le plus efficace pour à la fois augmenter la quantité de travail et améliorer la situation des finances publiques. C'est ce que le font les pays européens parmi les plus avancés socialement, notamment les pays nordiques et ce que prévoit la réforme des retraites de 2023. Des mesures telles que la "TVA sociale " ou la "CSG sociale" sont également pertinentes.
* La recherche économique estime qu’une hausse des heures travaillées de 1% réduit la productivité horaire de 0,5%. Autrement dit, la moitié de la hausse de la quantité de travail est absorbée par la baisse de la productivité, c'est l'hypothèse centrale retenue. Dans l'hypothèse basse, la perte est de 2/3 et dans l'hypothèse haute de 1/3.
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Repères de politique économique
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