Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Les effets néfastes de l’Inflation Reduction Act (IRA) américain sur l’économie européenne seraient surestimés, selon une étude publiée par le Conseil d'analyse économique et le German Council of Economic Experts. Les montants de financement américains et européens consacrés à la transition écologique sont comparables. et les subventions américaines auraient des effets macroéconomiques modestes, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Une note du Conseil franco-allemand des experts économiques (qui réunit des membres du Conseil d’analyse économique et du Conseil allemand des experts économiques), examine l'impact macroéconomique potentiel sur l'Union européenne de l'Inflation Reduction Act (IRA), programme de subventions en faveur d’une énergie propre entré en vigueur début 2023 aux États-Unis. Cette note franco-allemande examine également la manière dont l'Europe pourrait gérer sa transition verte tout en renforçant sa résilience économique et stratégique.
La comparaison des programmes européens et américains montre que :
- Le niveau de financement global des différents programmes déjà lancés par l'UE pour atteindre les objectifs climatiques et faciliter la transition verte est comparable à celui de l'IRA. Le coût total de l’IRA est estimé entre 390 et 900 milliards de dollars entre 2023 et 2031. Celui des différents programmes de soutien européens (NextGeneration EU, Recovery and Resilience Facility et RePowerEU) s’élèverait à quelque 600 milliards de dollars entre 2021 et 2030 – sans compter les programmes nationaux.
- Le "montant global de l'IRA est modeste, tout comme le seront ses effets macroéconomiques, tant en Europe qu'aux États-Unis". Les auteurs estiment notamment que les effets macroéconomiques de l'IRA pour les pays européens seraient "minimes", à horizon de 5 à 10 ans : le revenu national réel ne serait pas affecté en Allemagne, et diminuerait de 0,004% en France et de 0,001% pour l'UE dans son ensemble.
- L'IRA constitue une approche de décarbonation moins efficace que la stratégie ciblée de l’UE. La première consiste essentiellement en l'octroi de subventions à la production et à l'investissement, dont beaucoup ne sont pas plafonnées, tandis que la seconde s’appuie à la fois sur la tarification du carbone et des interventions industrielles ciblées.
En réponse à l'IRA, l’Europe devrait en priorité :
• Revoir sa politique industrielle: les procédures pour l'octroi des aides, à l'instar de l'IRA, devraient être simplifiées et accélérées, et davantage concentrées sur les secteurs dans lesquels les pays de l'UE possèdent déjà des avantages comparatifs..
• Viser une réduction significative du coût de l'énergie: plutôt que l'IRA lui-même, c’est en effet le différentiel actuel des prix de l’énergie entre les États-Unis et l’UE qui risque d'avoir des effets macroéconomiques substantiels sur la compétitivité et l’attractivité de l’UE.
• Sécuriser des approvisionnements en matières premières, en renforçant les accords commerciaux et la coopération internationale, et en soutenant la souveraineté énergétique des pays européens.
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous :
The Inflation Reduction Act: How should the EU react?
Conseil d'Analyse Economique & German Council of Economic Experts, 22 septembre 2023
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