Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Entre fin décembre 2019 et fin mars 2021, la dette brute des entreprises s’est accrue de 224 Mrds d’euros tandis que leur trésorerie progressait de 215 Mrds. Selon la Banque de France, au-delà de ces chiffres "globalement rassurants", 6 à 7% des entreprises cotées pourraient être confrontées à des difficultés lors de la levée des mesures exceptionnelles de soutien déployées face à la crise du Covid-19.
Fin mai 2021, dans le cadre de son activité de cotation de crédit, la Banque de France a collecté les comptes annuels de 205.000 entreprises. Elle s’appuie sur les bilans de ces entreprises, arrêtés après le début de la crise sanitaire comparés à ceux de l’année précédente pour retracer les effets de la crise du Covid-19 sur la situation financière d’un panel d’entreprises françaises.
• La dette brute des sociétés non-financières a progressé de 224 Mrds€, et leur trésorerie de 215 Mrds entre fin décembre 2019 et fin mars 2021. Leur dette nette n’a donc augmenté "que de 9 Mrds€".
• le recours à l’endettement, facilité par le dispositif des prêts garantis par l’État (PGE), a permis à une majorité d’entreprises de maintenir ou d’améliorer leur trésorerie malgré la baisse de leur chiffre d’affaires : parmi les entreprises étudiées, 27% ont eu recours au PGE et pour 73% la trésorerie est stable ou en hausse.
• Exprimée en nombre de mois de capacité d’autofinancement, l’endettement financier moyen terme des entreprises étudiées représente en moyenne 6,1 années, soit une progression de 6 mois par rapport aux bilans publiés avant la crise. La progression serait identique en intégrant les dettes fiscales et sociales reportées dans le cadre des mesures d’accompagnement des entreprises.
Grâce à ses cotations, la Banque de France identifie les entreprises économiquement viables mais potentiellement fragilisées, qui pourraient connaître des difficultés lors de la levée des mesures d’accompagnement mises en place par l’État :
- Malgré des résultats "globalement rassurants", 14% des entreprises étudiées subissent à la fois une hausse de leur endettement et une baisse de leur trésorerie.
- Parmi celles-ci, en écartant les entreprises les mieux cotées avant la crise, et les plus mal cotées (très fragiles avant même la crise), la Banque de France estime qu’environ 6 à 7% des entreprises étudiées devront "faire l’objet d’un suivi attentif". Une proportion variable selon les secteurs qui peut aller jusqu’à 10 à 13% dans l’hébergement-restauration, secteur particulièrement touché par la crise.
Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode, cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder au document.
L’impact différencié de la crise sur la situation financière des entreprises
Vanessa DOUCINET, David LY et Ghjuvanni TORRE
Billet du Blog Bloc-notes Eco Banque de France - N°219, 11 juin 2021
Voir aussi :
Des fonds d’investissement à capital garanti pour soutenir la vague d’investissement nécessaire à la transition écologique et la croissance
Michel DIDIER
Rexecode, Repères, N°1, 15 juin 2021
Sur cette question du financement des entreprises, Rexecode publie aujourd'hui la première note de sa nouvelle série "Repères" proposant d'orienter l’épargne des Français vers des fonds d'investissements de croissance, à capital garanti. Un surplus de fonds propres d’une centaine de milliards d’euros, déterminant pour le financement des investissements nécessaires à une relance durable de l'économie, pourrait être dégagé sans coût pour l’Etat.
Les Prêts garantis par l’État (PGE) vont-ils pouvoir être remboursés ?
Institut des politiques publiques – Notes de l’IPP N°70, juin 2021
Lors de la crise sanitaire, l’État a mis en place un système de prêts garantis (PGE) visant à faire face à un contexte de très forte incertitude. La note évalue la capacité de remboursement de ces prêts par les bénéficiaires, grâce à des données administratives très détaillées. Un tiers des entreprises françaises ont eu recours au dispositif, une fréquence de recours dix fois plus élevée que pour les programmes disponibles lors de la crise de 2008-2009. Le taux d’endettement brut des bénéficiaires du PGE a augmenté de près de 10 points, mais le taux d’endettement net est resté stable.
La probabilité de faillite sur la période allant jusqu’à mars 2021 est inférieure à 1% parmi les bénéficiaires, y compris parmi ceux qui ont subi la plus forte chute de chiffre d’affaires. Cette probabilité est plus de deux fois plus élevée parmi les entreprises n’ayant pas eu recours à un PGE. Sur la base de la faible probabilité de faillite des bénéficiaires d’un PGE, ainsi que de la trajectoire des taux observés sur les marchés obligataires européens, les auteurs estiment que le coût budgétaire du programme sera modéré.
Publication associée :
Rapport d’évaluation de la contrainte pour les entreprises du remboursement des prêts garantis par l’État (PGE)
Institut des politiques publiques - Rapport IPP n°32 – Avril 2021
Repères de politique économique
Enquête Trésorerie Grandes entreprises et ETI