Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Une étude de la Drees examine l’ampleur du coin socio-fiscal, c’est-à-dire l’écart entre le coût du travail (ou salaire "superbrut") et le revenu disponible du salarié ("supernet"). Dans l’ensemble, le système socio-fiscal français assure que "le travail paie", même si une augmentation salariale implique moins de prestations sociales et davantage de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. L’ampleur du gain de revenu disponible dépend cependant fortement du niveau de salaire initial, de la situation familiale et du logement.
Quand un salarié bénéficie d’une augmentation de salaire, le coût du travail pour l’employeur et le revenu disponible du ménage du salarié augmentent aussi, mais l’ampleur de ces trois hausses diffère, en raison de la différence entre le coût du travail (superbrut) et le revenu disponible du salarié (supernet). Ce "coin socio-fiscal" inclut les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu d’une part et les prestations sociales (RSA, prime d’activité, aide au logement, prestations familiales) d’autre part.
Une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) mesure, à partir de cas-types, l’effet d’une augmentation salariale sur le revenu disponible d’un salarié du privé, en prenant en compte les prélèvements sociaux et fiscaux, les prestations sociales, ainsi que le niveau de salaire, la configuration familiale, et selon que le ménage est propriétaire ou locataire de son logement.
Dans tous les cas, "le travail paye" en France
Le système socio-fiscal assure que le revenu disponible augmente avec le salaire net pour tous les niveaux de rémunération. Si la hausse du revenu d’activité diminue le montant des prestations sociales versées et/ou accroît les prélèvements sociaux et fiscaux, "ces deux effets potentiels ne font qu’atténuer, sans l’effacer, l’augmentation du salaire".
Pour un coût supplémentaire de 442€ côté employeur, le gain de revenu disponible est de 100€ pour un salarié célibataire au smic
Pour augmenter le revenu disponible de 100 euros d’une personne seule au smic à temps plein et locataire, le coût du travail pour l’employeur doit augmenter de 442 euros. Cette hausse du "superbrut" résulte notamment de la hausse de la part employeur des prélèvements sociaux (+212€) due en partie à la baisse du taux des allégements généraux ; et côté salarié, à la majoration des cotisations salariales (+48 €), à l’entrée dans l’impôt sur le revenu (+12 €) et à la diminution de la prime d’activité (-71 €).
Quel que soit le niveau de rémunération, "la situation familiale et de logement influe sur le gain monétaire du salarié et sur le coût du travail". Par exemple, pour augmenter de 100 € le revenu disponible, l'augmentation salariale doit être de 13% net pour un adulte seul, rémunéré au smic, locataire et à temps plein. Elle devra être de 22% pour une famille monoparentale avec deux enfants, locataire, dans laquelle le parent solo gagne un smic, pour compenser notamment la diminution des aides au logement. Pour un adulte vivant en couple avec deux enfants, locataire, payé au smic à temps plein, elle devra être de 23% si son conjoint est inactif, mais de seulement 12% si son conjoint travaille à temps plein au smic lui aussi.
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous
De combien faut-il augmenter un salarié au smic pour relever son revenu disponible de 100 euros ?
Léo QUENNESSON, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), Etudes et résultats N°1313, 17 octobre 2024
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