Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le poids de l'industrie manufacturière dans l'économie européenne a reculé entre 1995 et 2015. Tous les grands pays sont touchés, sauf l'Allemagne. L’Insee analyse les raisons de cette exception allemande.
• De 1995 à 2015, dans l’ensemble de l’Union européenne, le poids de l’industrie manufacturière est passé de 19,6% à 15,9% malgré une augmentation en valeur de 61% sur la période. La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a en effet progressé en moyenne annuelle de 2,4%, mais à un rythme inférieur à la croissance de l’ensemble de l’économie (+3,5%) sur la période.
• L’industrie en recul partout, sauf en Allemagne
Cette baisse a été marquée au Royaume-Uni (17,5% à 9,8%), en Italie (20,9 à 15,8%), en France (16,2% à 11,2%) et un peu plus limitée en Espagne (17,6% à 14,2%). En Allemagne en revanche, la part de l’industrie est restée stable (22,8%). Selon l’Insee ces reculs s’expliquent par un "effet prix" et par une diminution des volumes produits, dans des proportions différentes selon les pays. Au Royaume-Uni et en Espagne, la baisse du poids de l’industrie est surtout due à un "effet volume". En Italie, les effets "prix" et "volume" se conjuguent.
• En France, l’effet prix domine, dû aux gains de productivité plus importants dans l’industrie
En France, le repli est principalement dû à celui des prix relatifs manufacturiers, permis par des gains de productivité élevés et plus rapides dans l’industrie manufacturière que dans le reste de l’économie. Cet écart est particulièrement marqué en France, mais "moins nettement depuis la crise". L’Insee souligne également trois phénomènes structurels qui pénalisent l’industrie française : la concurrence étrangère, l’externalisation par les entreprises manufacturières d’une partie de leurs activités vers les services, et la progression de la demande des ménages pour les services.
• L’industrie manufacturière allemande est soutenue par ses exportations
En Allemagne, les effets prix et volume se sont compensés, les prix du secteur manufacturier progressant un peu moins vite et les volumes un peu plus vite que dans le reste de l'économie. En outre l’industrie manufacturière allemande a bénéficié de la bonne performance de ses exportations et de la moindre déformation de la structure de la demande intérieure en faveur des services.
L’industrie manufacturière en Europe de 1995 à 2015. Sa part dans l’économie recule, sauf en Allemagne
Insee Première N°1637, 9 mars 2017, Élisabeth Rignols