Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le président américain Joe Biden a fait adopter en mars 2021 un plan de relance de 1900 Mrds$, et a proposé un deuxième plan de dépenses de 2300 Mrds$, l’American Jobs Plan. Selon Coface le plan de relance de mars favoriserait le rebond précoce de l’économie américaine, mais contribuerait à creuser le déficit commercial. D’autres organismes (Pictet Wealth Management, l’Université de Pennsylvanie, le Committee for a Responsible Federal Budget) ont évalué les effets budgétaires et macroéconomiques de l’American Jobs Plan.
Plus grand importateur et deuxième exportateur de marchandises du monde, les États-Unis enregistrent un déficit de la balance commerciale depuis le début des années 1970. Ce déficit s’est aggravé sous l’administration Trump (plus de 900 Mrds$ fin 2020), en dépit d’une hausse des barrières douanières. Coface estime, dans une note publiée le 6 avril, que le "plan Biden" adopté en mars pour faire face à la crise de la Covid-19, pourrait contribuer à le creuser davantage.
Le plan Biden devrait entrainer dès 2021 une forte augmentation de la consommation américaine, qui alimentera le rebond de la croissance et des importations.
Plus d’un tiers du "Plan de Sauvetage Américain" (estimé à 9% du PIB), sera injecté directement dans l’économie en 2021 Il inclut des transferts aux ménages qui accroîtront leurs revenus. Coface anticipe donc un fort rebond de la consommation privée, qui poussera la croissance à 5,7% en 2021. Les Etats-Unis retrouveraient leur niveau d'activité d’avant-crise dès la mi-2021, avant la plupart des économies avancées.
Coface estime que le déficit pourrait être plus élevé de l'ordre de 19 à 56 Mrds$ qu’il ne l’aurait été sans le plan de relance.
Pour évaluer l’impact du plan de relance, Coface mesure un "solde commercial potentiel". Ce solde potentiel permet d’évaluer la responsabilité de facteurs économiques cycliques sur le déficit commercial, l’écart entre le solde théorique et le solde réalisé dépendant essentiellement du différentiel de l’écart de production par rapport à son potentiel entre les États-Unis et ses partenaires.
Dans la mesure où l’écart de production négatif devrait commencer à se résorber plus rapidement aux États-Unis, le déficit commercial américain sera entre 2,2% et 6,0% plus élevé que si l’économie américaine rebondissait au même rythme que ses partenaires. En particulier, Coface estime que le plan "contribuera à creuser le déficit avec le Mexique, mais aussi la Suisse, l’Arabie saoudite, l’Inde, la Corée du Sud, le Brésil, ou l’Allemagne". Au total, en partant d'un déficit commercial de 900 Mrds$, le plan de relance pourrait aggraver le déficit de l’ordre de 19 à 56 Mrds$.
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États-Unis : le plan de relance ouvre la voie à un déficit commercial record
Coface – Ruben Nizard, Focus, avril 2021
Une note du groupe Pictet estime que l'impact du deuxième plan de dépenses (American Jobs Plan, 2300 Mrds$) sera probablement plus indirect et diffus
L'impact sur la croissance américaine de l'American Jobs Plan largement axé sur les infrastructures et les énergies vertes, bien que positif dans l'ensemble, sera probablement plus indirect et diffus dans le temps que le précédent paquet de 1900 Mrds$. Pictet estime que l'impact des hausses d'impôts sera modeste, et que ce nouveau paquet devrait avoir un impact positif sur la croissance d'environ 0,3/0,4 point de PIB par an dans les années à venir.
US fiscal update - Time for infrastructure : Large infrastructure pending package comes with corporate tax hikes
Pictet Wealth Management – Thomas Costerg, Flash Note, 1er avril 2021
Voir aussi :
President Biden’s $2.7Trillion American Jobs Plan: Budgetary and Macroeconomic Effects
University of Pennsylvania – Budget Model, 7 avril 2021
Le PWBM évalue le montant des dépenses liées à l'American Jobs Plan à 2700 mrds $ sur 10 ans (2022-2031). Les dépenses d'infrastructures, couplées à l'augmentation de l'impôt sur les sociétés, augmenteraient la dette publique de 1,7% à l'horizon 2031 et réduiraient la dette publique de 6,4% et le PIB de 0,8% en 2050. En l'absence de toute augmentation des impôts, ce plan augmenterait la dette publique de 4,7% et diminuerait le PIB de 0,3% à l'horizon 2050. Quant à ses dispositions fiscales, elles réduiraient la dette publique de 11,2% en 2050, mais risquent de décourager l'investissement des entreprises et de peser ainsi sur le PIB à hauteur de 0,5% en 2050.
Economic Lift of Infrastructure
Morgan Stanley, 6 avril 2021 (note non publique)
Les infrastructures prévues dans le cadre de l'American Jobs Plan permettraient de compenser l'insuffisance des dépenses d'investissement au cours de la décennie - évaluée dans cette note à plus de 1250 Mrds$ - et pourrait contribuer de manière significative à la trajectoire à long terme de la productivité et de la croissance potentielle. L'American Jobs Plan devrait permettre d'investir environ 2000 Mrds$ dans les infrastructures, avec des effets multiplicateurs historiquement élevés. La note estime qu'un plan d'infrastructure d'environ 1000 Mrds$ sur 10 ans augmenterait la croissance du PIB réel de 0,2 pp la première année et de 0,1 à 0,2 pp chaque année suivante.
What's in President Biden's American Jobs Plan?
Committee for a Responsible Federal Budget – 2 avril 2021