Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
En France, la réorganisation des chaînes de valeur demeure rare, selon l’Insee. Entre 2018 et 2020, moins de 3% des entreprises françaises de plus de 50 salariés ont fait le choix de relocaliser, et surtout de délocaliser, une partie de leur activité. Il s’agit d’abord d’entreprises multinationales et employant davantage de travailleurs qualifiés. Parmi les destinations privilégiées des délocalisations figurent les pays européens et l’Inde, la Chine étant au contraire très peu attractive.
Une étude de l’Insee examine les comportements de délocalisation ou relocalisation des entreprises françaises de plus de 50 salariés, en s'appuyant sur l’édition 2020 de l’enquête triennale "Chaînes d’activité mondiales" menée entre janvier 2018 et décembre 2020.
Cette enquête étudie "la fragmentation des processus de production mis en œuvre par les entreprises, qui les conduit à externaliser en France ou à délocaliser à l’étranger des travaux réalisés jusque-là en interne, voire à relocaliser en France des activités réalisées à l’étranger."
Entre 2018 et 2020, 2,8% des entreprises ont réorganisé leur chaîne de production au niveau mondial (chaîne de valeur mondiale): 1,7% ont délocalisé et 1,2% ont relocalisé au moins une activité.
Les entreprises ayant réorganisé leur chaine de valeur sur la période "ne sont pas plus productives que les autres", mais emploient davantage de travailleurs qualifiés. Les entreprises de l’industrie manufacturière sont également plus souvent concernées que les autres secteurs d’activité, "ce qui pourrait suggérer que l’industrie est plus exposée à des chocs qui poussent à la réorganisation". L’Insee observe également une prédominance d'entreprises multinationales.
Au sein des entreprises qui délocalisent, ce sont surtout les activités intensives en travail qualifié qui sont concernées sur cette période, alors que dans les années 1990 et 2000, les délocalisations industrielles ont majoritairement concerné le travail peu qualifié. A l’inverse, les activités relocalisées en France en 2018-2020 concernent plutôt des tâches routinières, "ce qui peut refléter le rapatriement en France d’activités préalablement délocalisées".
Les activités délocalisées le sont plutôt dans des pays proches géographiquement (Union européenne). L'Inde, qui combine un salaire moyen peu élevé et de nombreux travailleurs hautement qualifiés, est une destination privilégiée pour les activités à forte intensité en compétences. A l'inverse, la Chine fait partie des destinations les moins attractives selon l’enquête.
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document ci-dessous.
Entre 2018 et 2020, les entreprises relocalisent plutôt des activités peu qualifiées, et délocalisent des activités qualifiées
Raphaël LAFROGNE-JOUSSIER, Lionel FONTAGNE, Gabriel BARATTE
Insee Analyses N.100, 3 décembre 2024
> Voir aussi : “Reorganizing global supply-chains : Who, What, How, and Where", Document de travail Insee N°2024-24, novembre 2024
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