Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L'Insee a publié le 14 août les premiers résultats des comptes nationaux : après 0,7% au premier trimestre, la croissance du PIB a été nulle au deuxième trimestre. Denis Ferrand a décrypté ces résultats pour Les Echos.
La croissance zéro au deuxième trimestre est-elle un trou d'air ou remet-elle en cause la reprise ?
" Il me semble préférable de lire l'activité en tendance étant donné le profil heurté de la croissance trimestrielle. Or, au premier semestre, le PIB a progressé de 0,3%. Il faudra encore une croissance de 0,2% au deuxième semestre pour atteindre l'objectif du gouvernement d'une hausse du PIB de 1% sur l'année. Cet objectif est donc toujours d'actualité. Mais, après une croissance comprise entre 0,2% et 0,4% par an depuis quatre ans, ce n'est pas flamboyant comme reprise. Surtout, le rythme de croissance n'est toujours pas suffisant pour faire baisser durablement le chômage et faire croître substantiellement la richesse par habitant."
Une des surprises concerne l'investissement des ménages. Pourquoi continue-t-il à baisser ?
" Cela s'explique d'abord par l'importance du chômage, qui renforce les craintes des ménages de s'endetter à long terme et paralyse le marché de l'immobilier dans un contexte de faible hausse du revenu disponible. Résultat, pour la quatrième année d'affilée, les ménages vont moins investir dans le logement. Depuis 2007, année du pic, les achats de logements ont reculé de plus de 25% alors même que les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas. Aujourd'hui, le nombre de nouveaux logements construits chaque année est à peine équivalent à celui de l'augmentation des ménages en France. Cependant, je pense que nous sommes proches d'un point bas dans la construction puisque les permis de construire se redressent."
Les patrons français ne semblent pas croire à une reprise forte. Pourquoi ?
" Sans conteste, il existe des signaux positifs : la baisse du prix du pétrole a permis aux entreprises de redresser leurs marges bénéficiaires au premier trimestre. Et le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (Cice) et les baisses de charges du pacte de responsabilité ont aussi aidé à les améliorer. Mais il ne s'agit que d'éléments circonstanciel. Et, de nouveau, la majorité parlementaire donne de la voix et affiche son envie de remettre en question les allégements du coût du travail. Comme le débat sur les baisses de charges n'est pas clos, cela crée une incertitude sur leur modalité de mise en oeuvre. Il n'est donc pas étonnant que la confiance ne remonte pas vite. D'autant que l'environnement international, comme les déboires de l'économie chinoise, n'incite pas particulièrement à l'optimisme."
Propos de Denis Ferrand recueillis par Guillaume de Calignon
Les Echos, 17 août 2015, voir l'article en ligne