La compétitivité est le chaînon manquant de la croissance française. Le Cice et le pacte de responsabilité ont permis d'améliorer les marges des entreprises et l'investissement. Mais pour regagner des parts de marché, il faut aussi jouer sur d'autre leviers, tels que la fiscalité grévant les coûts de production et la formation.

• La compétitivité est le chaînon manquant à notre croissance.

Le poids des exportations françaises dans celles de la zone euro a baissé de 17 à 12% en vingt ans. De quoi priver nos exportateurs d'un chiffre d'affaires de 150 mrds€ par an. Et creuser notre déficit extérieur, qui a atteint plus de 34 mrds au premier semestre ; un record depuis 2012.

Les causes de cette dégradation sont connues.

Elles tiennent à la divergence des coûts salariaux entre la France et l'Allemagne. Ce diagnostic a suscité la mise en place du pacte de responsabilité et du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) par François Hollande.

Depuis, les coûts salariaux de notre industrie sont redevenus inférieurs à ceux de l'Allemagne. Les marges des exportateurs ont été, en partie, reconstituées, permettant de redresser l'investissement, mais pas encore la compétitivité.

Trois questions se posent alors : celles du mécanisme, du délai et des mesures à prendre pour regagner des parts de marché.

Le renforcement de la qualité par l'investissement produira des fruits à moyen terme

Le choix de l'investissement pour restaurer la compétitivité vise à renforcer l'image positive des produits français en termes de qualité et d'innovation, qui ressort des enquêtes Coe-Rexecode auprès des importateurs européens. Mais il ne portera ses fruits qu'à moyen terme. Ainsi, l'économie française a déjà vu sa compétitivité se dégrader au début des années 1980. Le tournant de la rigueur de 1983 avait alors permis une restauration des résultats des entreprises. Puis il avait fallu attendre 1985-1986 pour un redémarrage de l'investissement et 1987-1988 pour un regain de parts de marché.

• Aujourd'hui, la France a franchi les deux premières étapes et des signes d'amélioration de la compétitivité devraient se manifester en 2018.

Mais le tournant de l'offre n'est-il pas venu trop tard ? On peut craindre que l'atrophie du tissu productif n'ait conduit l'économie sous un seuil critique où s'évaporent les conditions de la croissance : disparition de dispositifs de formation et pertes de savoir-faire.

Dès lors, on peut s'interroger sur les mesures à prendre. Les propositions pour une fiscalité du capital allégée, plus incitatrice à l'investissement, sont bienvenues. Mais le niveau des impôts de production, pesant sur le chiffre d'affaires des entreprises, reste supérieur de 3 points de PIB à celui observé en Allemagne. Or, c'est un angle mort de la politique du gouvernement. L'autre défi est de former plus efficacement la main-d'œuvre, le niveau de compétence moyen des Français étant tombé en dessous de celui des autres pays de l'Ocde.

Tribune de Denis Ferrand parue dans Challenges du 5-11 octobre 2017