Invité de la matinale de France Info, à quelques heures de la remise du rapport Gallois, Michel Didier a rappelé que "choc" et "pacte" de compétitivité vont de pair. La baisse du coût du travail est indispensable à court terme pour enrayer la désindustrialisation.

Michel Didier répond aux questions de France Info :

• Un choc ou un pacte de compétitivité ?

L'allègement de 30 milliards d'euros de charges sur les salaires (Les Echos du 4/11/2012) est destiné à créer ce que M. Gallois a appelé un "choc de compétitivité". Il y a eu débat sur les notions de "choc" ou de "pacte". En réalité les deux sont nécessaires : il faut un "pacte" dans la durée pour renforcer notre compétitivité industrielle, notamment par rapport aux autres pays de la zone euro, et il faut un "choc" préalable pour enrayer la désindustrialisation. Le choc ne peut porter que sur le coût du travail, par un allègement de charges.

• Le coût du travail : un faux problème ?

Dans l'industrie, en niveau, le coût horaire moyen du travail est à peu près équivalent entre la France et l'Allemagne. Pour l'ensemble de l'économie, le coût horaire moyen français est 10% supérieur à celui de l'Allemagne. Mais, si l'on regarde la dynamique depuis 2000, on constate une dégradation de 20% par rapport à l'Allemagne. C'est le résultat de choix divergents au début des années 2000 : les 35 heures en France, la baisse des coûts en Allemagne. Cela se traduit par une perte de compétitivité et un important déficit extérieur. Par rapport à l'Allemagne nous avons 200 milliards d'euro d'écart en termes de solde extérieur. Nous le payons par la désindustrialisation.

Sur le même sujet, Michel Dider était l'invité, avec Christian de Boissieu, de l'émission de Jean-Marie Colombani "La Rumeur du monde" sur France Culture le 3 novembre 2012 (La bataille de la compétitivité)


Le pacte de compétitivité proposé par Coe-Rexecode dès 2011

Dans son rapport sur l'écart de compétitivité entre la France et l'Allemagne, Coe-Rexecode proposait déjà un "pacte de compétitivité" :

- rendre notre fiscalité plus compétitive (le budget 2013 en augmentant massivement les prélèvements sur le capital ne va pas dans ce sens, il peut encore être corrigé),

- améliorer notre capacité à travailler ensemble dans les entreprises. La durée du travail et les salaires doivent pouvoir faire l'objet de négociations au sein des entreprises pour leur permettre de s'adapter. Ce n'est pas possible dans le cadre d'une durée du travail imposée de manière centralisée.

Au delà du rapport Gallois, une négociation est en cours entre les partenaires sociaux sur la réforme du marché du travail, elle est essentielle. Elle doit impérativement déboucher sur des décisions d'ici la fin de l'année.