Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Les uns après les autres, les économistes revoient à la baisse les prévisions de croissance en raison de la guerre en Ukraine et de son impact sur les prix des produits énergétiques et agricoles, sur les échanges mondiaux et sur la confiance. Nous poursuivons notre suivi (non exhaustif) de ces projections cette semaine avec les scénarios de la BERD et de S&P, ainsi que du Conseil des sages en Allemagne.
• La BERD revoit ses prévisions à la baisse de -2,5 points en moyenne pour les régions qui relèvent de sa compétence (Europe centrale et orientale, Asie centrale, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie) par rapport à novembre 2021.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement, attend désormais une croissance du PIB de +1,2% en 2022 en moyenne pour ces pays. Sauf escalade du conflit et des restrictions sur les échanges, la croissance accélèrerait de nouveau à 5% en 2023. L'inflation aura un impact très sensible, surtout pour les plus pauvres, et en particulier par le biais de la hausse du prix du blé dans la zone Afrique du Nord-Moyen orient.
De leur côté les PECO sont étroitement insérés dans les chaines de valeurs avec l'Ukraine, notamment dans l'industrie automobile. Ils seront aussi les plus concernés par l'accueil des flux de réfugiés.
Les pays d'Asie centrale et du Caucase pourraient être touchés par les restrictions sur la convertibilité du rouble russe et la réduction des liaisons commerciales et des envois de fonds depuis la Russie. Tous les pays seront concernés par les effets de l'incertitude sur les marchés et le renchérissement de leur financement. Le PIB de la Russie reculerait de 10% en 2022 et stagnerait en 2023, celui de l'Ukraine baisserait de 20% avant de rebondir de 23%. A l'exception de la Biélorussie (-3% puis 0%), les autres pays resteraient en croissance, certes ralentie.
Synthèse par la Documentation de Rexecode, suivre le lien ci-dessous pour accéder au document
Regional Economic Update for the EBRD Regions: In the shadow of the war - The economic fallout from the war on Ukraine
BANQUE EUROPEENNE POUR LA RECONSTRUCTION ET LE DEVELOPPEMENT, 1er avril 2022
• S&P Global Ratings revoit ses prévisions économiques et anticipe désormais une croissance mondiale de 3,6% en 2022 (-0,6 point de pourcentage par rapport à celles du trimestre précédent). Après un bon début d'année, les effets macroéconomiques de l'invasion de l'Ukraine semblent modérés pour l'instant, mais les aléas sont clairement négatifs et l'inflation un devenu un sujet de premier plan.
S&P revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour les principaux pays de l’UE, le Royaume-Uni et la Suisse, à 3,3% en 2022. Les économies européennes, importatrices nettes d'énergie, seront pénalisées par la hausse des prix du pétrole et du gaz en réaction au conflit entre la Russie et l'Ukraine. Le pouvoir d'achat des ménages s'affaiblira, l'inflation devant atteindre 5% cette année et rester supérieure à 2% en 2023. Pour la zone euro, la prévision de croissance est ramenée à 3,3%en 2022 (-1,1 point). Elle l’est beaucoup moins pour les Etats-Unis avec une croissance de 3,2% pour 2022 et de 2,1% pour 2023 (-07 et -06 point, respectivement).
La croissance des économies émergentes est ramenée à 4,0% en 2022 et 4,3% en 2023 (contre 4,8% et 4,4%, respectivement dans l’exercice précédent). En dehors de la Russie, qui entrerait en récession en 2022 (-8,5 %) et stagnerait en 2023, l'essentiel de la révision à la baisse provient d'Europe (-1 point pour la Turquie et la Pologne), tandis que l'impact sur la croissance est plus contenu ailleurs.
Les producteurs de matières premières bénéficieront de prix plus élevés, mais le pouvoir d'achat des ménages sera rogné par l'inflation (révisée de +1,2 point de pourcentage en 2022 par rapport aux prévisions de novembre dans les marchés émergents médians). Les pressions inflationnistes devraient déboucher sur un resserrement de la politique monétaire dans la plupart des pays émergents. Un conflit prolongé en Ukraine constitue un risque majeur dans la mesure où il entrainerait un resserrement plus rapide de la politique de la Fed et davantage de volatilité sur les marchés financiers, entraînant des taux de change plus faibles et des taux d'intérêt nettement plus élevés.
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STANDARD & POOR’S - S&P Global Ratings – Economic Research, 30 mars 2022, voir les notes:
- Global Economic Outlook Q2 2022: No Cause For Complacency As The Russia-Ukraine Conflict Modestly Dents Growth
- Economic Outlook U.S. Q2 2022: Spring Chills
- Economic Outlook Eurozone Q2 2022: Healthy But Facing Another Adverse Shock
- Economic Outlook Emerging Markets Q2 2022: Growth Slows Amid Higher Commodity Price Inflation
- Economic Outlook EMEA Emerging Markets Q2 2022: Weaker Growth, Higher Inflation, Tighter Financing Conditions
Voir aussi cette semaine :
Le Conseil des "cinq sages" allemands met à jour ses prévisions pour l'économie mondiale, européenne et allemande parues dans leur rapport annuel en novembre 2021.
Partant de l'hypothèse que les prix de l'énergie resteront élevés mais qu'il n'y aura pas rupture d'approvisionnement, le Conseil anticipe que la croissance de la zone euro serait de 2,9% en 2022 et en 2023. La Russie enregistrerait une récession de -10% en 2022. Pour l'Allemagne, le Conseil révise la croissance à la baisse de -2,8 points, anticipant désormais une croissance du PIB de 1,8 % en 2022, puis 3,6% en 2023, avec des taux d'inflation de 6,1% et 3,4%, respectivement.
Aktualisierte Konjunkturprognose 2022 und 2023
SACHERVERSTÄNDIGENRAT ZUR BEGUTACHTUNG DER GESAMTWIRSCHAFTLICHEN ENTWICKLUNG, mars 2022
Perspectives économiques à moyen terme
Document de la semaine
Document de la semaine
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