Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans un rapport sur la compétitivité européenne, Mario Draghi souligne que l'Europe doit accroître sa productivité, dont le ralentissement est le principal responsable du décrochage avec les Etats-Unis ou la Chine. Pour cela, il faut notamment libérer le potentiel d'innovation de l'Europe, mieux coordonner les politiques de décarbonation et de défense, réduire les dépendances en matières premières. et investir en mutualisant les ressources, notamment en créant une véritable union des marchés de capitaux.
Après la crise Covid de 2020, l'Europe a subi un décrochage économique par rapport aux Etats-Unis. L'écart de PIB entre l'UE et les États-Unis s'est creusé, passant de 15% en 2002 à 30% en 2023. Ce décrochage s'explique à 70% par le ralentissement plus marqué de la productivité en Europe. Très dépendante des matières premières chinoises et des technologies numériques asiatiques, l'Europe souffre également d'une "structure industrielle statique avec peu de nouvelles entreprises qui émergent pour perturber les industries existantes ou développer de nouveaux moteurs de croissance", ce qui engendre un cercle vicieux de faible investissement et de faible innovation.
« Si l’Europe ne parvient pas à devenir plus productive, nous serons contraints de faire des choix. Nous ne pourrons pas devenir à la fois un leader des nouvelles technologies, un modèle de responsabilité climatique et un acteur indépendant sur la scène mondiale. Nous ne pourrons pas financer notre modèle social. Nous devrons revoir à la baisse certaines, voire toutes nos ambitions » - Mario Draghi, Conférence de presse de remise du rapport à la Commission européenne, le 9 septembre 2024.
Face au "défi existentiel" qui menace le modèle social européen, Mario Draghi formule des propositions pour libérer le potentiel d'innovation de l'Europe, coordonner les politiques des pays européens pour la décarbonation et la compétitivité, renforcer la sécurité et réduire les dépendances en termes de matières premières.
Quant au financement, après le succès du plan de relance post-Covid de 800 Mrds€, l'UE devrait, selon le rapport, continuer à émettre des instruments de dette communs pour financer l'innovation, la décarbonation et la défense.
M. Draghi estime que l'UE devrait investir 750 à 800 milliards d'euros supplémentaires par an, soit 5% de son PIB. Un tel niveau d'investissement augmenterait la production d'environ 6% en quinze ans, selon les simulations de la Commission européenne et du FMI. Outre la création d'une véritable union des marchés de capitaux et l'achèvement de l'union bancaire européenne, le rapport propose de mobiliser les capitaux privés grâce à des incitations fiscales.
Les coûts budgétaires transitoires de mise en œuvre du plan proposé par M. Draghi seraient en partie compensés par les gains significatifs de productivité engendrés par la hausse de l'investissement. Par exemple, une augmentation de 2% du niveau de la productivité totale des facteurs dans les dix ans couvrirait jusqu'à un tiers des coûts budgétaires (investissement public et subventions à l'investissement) nécessaires à la mise en œuvre du plan.
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document par le lien ci-dessous.
The future of European competitiveness - Part A | A competitiveness strategy for Europe - Part B | In-depth analysis and recommendations
Mario DRAGHI, rapport remis à la Commission européenne le 9 septembre 2024