Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon l'édition 2012 du World Competitiveness Report, la France n'est plus que le 21ème pays le plus compétitif du monde, en recul de 3 rangs par rapport à 2011. En tête des handicaps de l'économie française : la rigidité du marché du travail et le poids des prélèvements obligatoires.
Le recul de trois rangs de la place de la France dans le baromètre établi par le World Economic Forum vient rappeler l'urgence de l'enjeu de la compétitivité de l'économie française.
Depuis bientôt quinze ans, les performances françaises à l'exportation sont en retrait par rapport à celles des pays de la zone euro. D'un peu moins de 17 % en 1998 la part des exportations françaises dans les exportations européennes est tombée à environ 13 %, soit un recul de plus de 25 % des parts de marché, soit encore 120 milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'exportation qui font défaut chaque année.
S'il est difficile de tirer des enseignements définitifs d'un indicateur aussi global que peut l'être celui du World Economic Forum, l'attention à ses différentes composantes permet en revanche de bien identifier les points forts et les pistes d'amélioration que pourrait emprunter notre économie. Les points forts sont bien connus : ils renvoient à un niveau élevé de sophistication des infrastructures et à la taille et la localisation du marché local. Les points faibles le sont tout autant : ils renvoient, selon le WEF, à un marché du travail jugé trop rigide et à un régime de prélèvements fiscaux et sociaux jugé trop distorsif et désincitatif.
Ces deux points appellent des réponses à mettre en œuvre pour un renforcement de notre compétitivité défaillante. Celui-ci passe par une action qui s'entend sur trois termes :
• une réponse de long terme sous la forme d'une incitation à la R&D à même de consolider un positionnement jugé plutôt favorablement dans le classement du WEF,
• une réponse de moyen terme qui passe par un réexamen collectif des règles qui régissent le fonctionnement du marché du travail afin de l'adapter à la contrainte de compétitivité.
L'exemple allemand montre que l'on peut trouver au niveau de l'entreprise des compromis favorables à la compétitivité mais aussi à l'emploi. Il faut pour cela une plus grande liberté dans la recherche des compromis gagnants entre partenaires sociaux notamment en réinstallant la durée du travail dans le champ du dialogue social.
• une mesure de recalage à court terme des coûts du travail au moyen d'un basculement d'une partie des cotisations sociales sur la fiscalité ou sur une réduction de la dépense publique.
Plusieurs pays européens apparaissent plus mal notés encore que la France par le WEF sur les critères notamment de fonctionnement du marché du travail. C'est en particulier le cas de l' Italie. Confrontée à une situation d'urgence, celle-ci paraît toutefois avoir amorcé des réformes profondes en ce domaine.
La France pourra difficilement s'exonérer d'adopter de telles réformes. Le risque serait de voir une divergence s'installer non plus uniquement vis-à-vis de l'Allemagne mais progressivement également vis-à-vis d'économies du Sud. Ce serait alors l'attractivité du site français de production qui se retrouverait en défaut après avoir constaté le recul de la compétitivité des exportations.
Opinion de Denis Ferrand, directeur général de Coe-Rexecode, parue dans La Tribune du 6 septembre 2012 .